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Jamie Mc Dermott (The irrepressibles) : j'ai voulu faire un album qui parle d'homophobie




Il y a plusieurs semaines, The Irrepressibles donnaient un spectacle-événement à Paris pour présenter ''Nude'', leur nouvel album toujours à paraître ... Jamie McDermott, mystérieux créateur du projet, a reçu CitéGAY la veille du concert, et en a profité pour poser pour le photographe Franck Glénisson à l'occasion d'un portrait exclusif pour CiteGAY ...


Tombé sous le charme de ''The Irrepressibles'' depuis qu'ils me sont apparus comme dans un mirage en Novembre 2009 au Festival des Inrocks, je n'ai eu de cesse d'écouter leur album ''Mirror Mirror'', mélange inédit de classique baroque et de musique pop. Surpris par les costumes, le maquillage, la conception des spectacles, la sensibilité à fleur de peau, le côté ambigü et androgyne, l'expressivité, je m'étais vite senti face à des dignes héritiers de Kate Bush ou David Bowie (le clip de "Ashes to Ashes" en particulier) avec un je-ne-sais-quoi d'Arcade Fire, et bien sûr d'Antony and the Johnsons ... Après plusieurs contacts via les réseaux sociaux avec le chanteur, multi-instrumentiste et créateur du projet, j'ai eu la chance de pouvoir le rencontrer et découvrir un être extrêmement sensible, attachant et passionné. Arrivé au rendez-vous, je suis agréablement guidé vers la salle du spectacle où Jamie McDermott procède aux dernières mises au point, à la régie-son, du spectacle qui aura lieu le lendemain, tandis que les techniciens finissent de monter les éléments de la scène ... L'homme n'a rien à voir avec la créature androgyne et exubérante que j'ai vu évoluer sur scène coiffé d'un énorme chapeau à plumes noires: Il me fait gentiment signe de patienter, dans une tenue sobre et portant des lunettes qui lui donnent des allures de Clark Kent. Quelques minutes d'attente et le voilà qui vient enfin à ma rencontre. Il me montre son ordinateur portable posé sur un des sièges et me lance "C'est là ... Tout le nouvel album se trouve là-dedans !" ... Nous nous installons au calme et commençons l'interview ...


Tof : Bonjour Jamie. C'est un immense plaisir de pouvoir te rencontrer après tout ce temps ... Je suis assez ému de me retrouver face à toi car la découverte de "The Irrepressibles" au Festival des Inrocks à la Cigale en Novembre 2009 a été un véritable choc artistique en ce qui me concerne ...


Jamie McDermott (The Irrepressibles) : Ho vraiment ? Merci ! Ca semble déjà loin tout ça ...


Tof : Ce jour-là j'étais surtout parti au festival pour applaudir des groupes de pop ou de rock, et puis je me suis retrouvé devant cette immense boîte à musique humaine et ça a été une immense surprise ! (le thème du précédent spectacle de The Irrepressibles était "The Human Music Box"; Ndlr). Mais dis-moi est-ce que finalement ''The Irrepressibles'' est plus un groupe, un projet artistique contemporain, un orchestre, une famille ou juste toi qui travaille en collaboration avec des musiciens ?


Jamie McDermott (The Irrepressibles) : 


Hmmm ... Et bien pour faire simple The Irrepressibles sont ma création. J'en suis le compositeur, l'artiste et le vocaliste. A l'origine je viens plutôt d'un univers rock. J'ai en ai chanté pendant des années et puis à un moment ça m'a fatigué. En fait je trouvais que certaines idées sur ce que la pop doit forcément être, étaient finalement très restrictives. Tu vois ce que je veux dire ... Si le chanteur d'un groupe est gay il vaut mieux qu'il évite d'en parler dans ses chansons. Et puis aussi il existe une image-type du groupe de pop, avec inéluctablement le chanteur, le bassiste, le batteur et le guitariste. La voix est souvent restreinte à un seul son, un seul style. Moi j'ai eu envie d'innover et de me fixer un challenge. Je me suis intéressé de manière très instinctive et émotionnelle à la façon d'explorer toutes les formes de musique, afin d' exprimer le maximum de sentiments. Pour moi l'acte de création revient à former un contenu et d'y mettre de l'expression, comme au sein d'un objet ou d'une forme. On arrive à une pop parfaite lorsque les idées y sont exprimées de manière très claire. En ce sens des artistes comme Serge Gainsbourg ou Air, et en particulier leur titre "Run" sont des références. Ils ont d'ailleurs la particularité de travailler sans aucune restriction, une ligne de conduite que je me suis fixée.

Mais cela ne suffisait pas. Je voulais en plus parler de l'amour homosexuel, en faisant en sorte que, aussi bien du point de vue émotionnel que du point de vue sonore, cela soit apprécié par le plus grand nombre... De toutes façons je ne m'imaginais pas chanter à propos des femmes ou prétendre que j'étais hétérosexuel. Je n'aurais pas été aussi flamboyant, et tout simplement pas moi-même.


Tof : Est-ce que tu travailles selon un processus précis de création ?


Jamie McDermott (The Irrepressibles) : En fait lorsque je compose aussi bien les paroles que la musique, je commence de manière automatique, sans aucune restriction, juste en jouant. Ensuite je travaille avec le groupe sur l'orchestration de la chanson. Je chante chaque partie de manière à créer une architecture, on peut même dire une sculpture du son ... Ensuite lorsque je conçois mes spectacles live, je cherche à créer une situation, un puzzle un objet qui va cristalliser l'émotion de la musique, avec la lumière, la scénographie, la chorégraphie, pour ensuite créer une connexion entre tous ces univers. J'aime beaucoup la relation que je peux avoir avec mes musiciens en tant que directeur artistique. Chacun d'eux bouge, chante, parle, produit du son de façon à obtenir le rendu le plus beau possible. Le directeur est là pour créer une forme et la cristalliser dans un moment, un objet, et finalement un enregistrement... Cela nécessite une grande ouverture d’esprit, une capacité de toujours être un enfant. Je n'avais aucune envie m’investir dans l’idée classique qu’on se fait de la pop music et j’ai tenté d' explorer de nouvelles voies. Pour le premier album ''Mirror Mirror'' j’ai ainsi d'abord travaillé avec des musiciens d’orchestre. La particularité de ce disque est qu’il a été créé sans batterie, ce qui est différent pour le second … Avec cet album je voulais créer une galerie de sujets, de portraits, de créatures, de paysages, pour créer un espace où les émotions existent, un espace où nous disposons nous-mêmes psychologiquement de nos émotions. Sur scène j’ai aussi voulu créer quelque chose qui soit expressif visuellement, d'où l'idée d’une sorte organisme de groupe connecté à moi, à certains moments comme des marionnettes. A cet instant je voulais exprimer l'idée d' un monde d’isolation où je suis seul, et eux sont juste comme des jouets perdus dans une pièce. La connexion entre chaque élément, à travers les chorégraphies, les effets sonores, était une façon de représenter le monde. Et puis j'ai opéré une sorte de lâcher-prise pour voir ce que ça donnerait. J'imagine que par la création on exprime une sorte de dette par rapport aux expériences de l'enfance, son côté surréel et les émotions que nous remplaçons par des fantasmes.

J'ai eu plus de difficultés en tant que directeur, à trouver une façon, toujours sans aucune restriction, de créer une représentation de la chanson sous forme de film. Lorsque j'ai découvert ce que Roy Raz avait fait pour ''In This Shirt'' avec son clip ''PAG - The lady is dead'', j'ai été ravi ... En écrivant la chanson j'imaginais un clip homo-érotique précisément parce qu'elle parle de relations homosexuelles. Je voulais une véritable explosion d'émotions mais je n'arrivais pas trouver le bon angle pour l'exprimer. C'est un peu comme si j'avais rêvé de ce vidéo-clip et que, tout à coup, elle était là sous mes yeux ! (Roy Raz a aussi réalisé le clip de "Lonely Lisa" pour Mylène Farmer; Ndlr).

Du côté son nous avons eu droit à des remixes déments réalisés par Royksopp, 07, Johnny Fox, Simon Burgess … J’aime beaucoup l’idée de transformer une musique en quelque chose d’autre. C’est comme une nouvelle naissance et je trouve ça complètement excitant … Pour le coup je suis assez fier de ces incroyables remixes d’Avant-Garde.


Tof : Si tu devais définir brièvement The Irrepressibles ... ?


Jamie McDermott (The Irrepressibles) : L’idée principale de The Irrepressibles c'est d’être libre au niveau de la création, et de rester émotionnellement en contact avec la réalité des choses. Je pense que nous sommes actuellement face une sorte de standardisation de la pop music, que petit à petit elle n’exprime plus rien. D'une certaine manière cette musique a été créée pour essayer d'influencer les sentiments de masse mais quand on y regarde de plus près on s'aperçoit qu'elle ne représente pas fidèlement les sentiments de tout le monde. Moi j'essaie d'être honnête en exprimant les sentiments de personnes habituellement peu représentées, en espérant que quelques personnes s’y connectent ... Je crois profondémant que chacun à la capacité de créer quelque chose d'incroyable, avec son langage qui lui est propre, parce que chacune de nos expériences est vraiment unique ... Je tiens par exemple à ce que lors des spectacles mes musiciens aient un espace dans lequel ils peuvent exprimer leur propre émotion, dans le cadre d'une chorégraphie par exemple.

The Irrepressibles parle de liberté. Pas de liberté hédoniste mais de liberté émotionnelle. Je pense que nous avons chacun une part humaine et une part animale. Notre part animale est vraiment puissante, merveilleuse et fantastique et il nous faut la comprendre et l’accepter. Et nous avons aussi une part humaine. L’amour est incroyablement profond, ce n’est pas juste une histoire de sexe, mais une connexion émotionnelle. Je pense que c’est important de le préciser parce que lorsqu’on parle des homosexuels on pense aux actes sexuels. Il y a tellement plus que ça dans une relation entre deux hommes ou deux femmes ! C’est très poétique, unique … Il y a une vraie force dans le fait d’exprimer cela ...


Tof : Sur scène on sent de ta part beaucoup de sensibilité et de souffrance, un peu comme une sorte de St Sébastien. Les critiques parlent souvent d'un premier sentiment de presque ridicule, pendant lequel on se demande si on doit rire, et puis ça devient poignant, inattendu et troublant … On se rend compte qu'en t'affublant de costumes et de maquillages improbables tu cherches beaucoup à montrer que oui quelqu’un de différent et dont on aurait envie de se moquer, peut être beau et avoir une valeur inestimable ...


Jamie McDermott (The Irrepressibles) : Mille fois oui ! De même les critiques qualifient constamment mon travail de ''camp'' (Kitsch; Ndlr). Et derrière l'idée de ''camp'' il y a toujours l'idée de "maniéré". En fait j’ai beaucoup d’amis qui sont ''camp'', et je le suis moi-même. C’est une réalité de la nature d'un homosexuel, mais même un hétéro peut être ''camp'' … Pourquoi devons-nous subir des idées sur ce qu’un homme doit être et une femme doit être ? L’histoire de la musique a toujours parlé d’androgynie et c’est quelque chose de très puissant. Tout le monde, de Tina Turner à PJ Harvey en passant par Prince, et David Bowie Mais finalement est-ce que c’est vraiment de l’androgynie ? Il y a aussi l' idée selon laquelle plus tu es efféminé et plus tu es passif, mais est-ce que c’est vraiment la réalité ? C’est du même accabit que les idées préconçues en ce qui concerne les lesbiennes, butch ou autre … La vérité c’est juste qu’il existe différentes sortes de filles … Beaucoup de merveilleux artistes gay comme Antony Hagerty (Antony and The Johnsons; Ndlr) et Owen Pallett (ex Aracde Fire; Ndlr), font de la musique vraiment intéressante mais leur public n’est pas pour autant uniquement gay. Antony se sert de la musique pour extérioriser une forme de fragilité et d’intensité. Owen a une expression vraiment particulière, quelquefois très lumineuse, et quelquefois avec un profond point de vue intellectuel … Moi ce que j'essaie de faire c’est d'incarner une idée forte et puissante de l’homosexualité. A ce titre Freddie Mercury est une grande icône pour moi ... sa puissance, sa force, son urgence … Et puis il est toujours là tu sais ... [Rire]

Historiquement, les gays ont toujours fait des choses incroyables… Je pense à certains architectes, à des stylistes qui ont fait des vêtements incroyables, des créateurs à qui on doit de merveilleux parfums … Beaucoup de chef-d’œuvres artistiques, dans le design, et bien entendu dans la pop music … On parle bien de black music, alors pourquoi ne pas parler de gay music ? Nous sommes une minorité mais l’Art est un endroit pour comprendre cela, pour générer de l’unité, et rejeter l’homophobie … C’est la raison pour laquelle à mon avis lorsque tu es un artiste et que tu es gay, il faut le dire …


Tof : Question-piège : Pourrais-tu apparaître sur scène sans maquillage ou costume ? Et d'ailleurs que représente le maquillage pour toi ?


Jamie McDermott (The Irrepressibles) : Ho oui question intéressante ! [Rire] En fait mon goût pour le maquillage est relativement récent. C’est un ami qui m’a initié [Sourire] Je n’ai jamais pensé à cela avant de le rencontrer … Nous avons fait des essais de costumes. A vrai dire je n’en ai jamais été très fan et je cherchais plutôt à me viriliser qu'à me donner une apparence féminine. Finalement je vois cela comme une véritable forme d’expression. Dans le contexte de la scène ça a un vrai sens, et puis avec l’album ''Mirror Mirror'' le thème était l’imaginaire donc c'était cohérent … Tu verras que ''Nude'' est totalement différent de ce point de vue ...


Tof : Il semblerait que ce nouvel album intègre des éléments plus modernes … J’ai l’impression que tu conçois d'abord un spectacle avec un concept, puis l'album autour …


Jamie McDermott (The Irrepressibles) : Pas du tout en fait … [Sourire] Mais je vais t’expliquer … A l’âge de 19 ans, j’ai fait un album qui s’appelait ''Nuclear Skies''. J’étais juste en solo et bien sûr la chanson ''Nuclear Skies'' en faisait partie, ainsi que ''In Your Eyes'' … Du coup beaucoup de ma musique, jusqu’à l’album ''Mirror Mirror'' est né lorsque j’avais 18-19 ans et a même correspondu à mon coming-out … Ca a été pour moi la découverte d’un monde magique, un monde fait d’imaginaire. Ce n’était pas seulement sexuel mais c’était aussi une façon de prendre conscience de toute l’émotion et l’émotivité qui avait grandi en moi. Etre gay …

Quant au contenu du second album ''Nude'', il a été écrit ici à Paris lorsque j’avais 20-21 ans … Là par contre ça parle vraiment de sexualité. C’est un album très viscéral. Il a été composé à la guitare acoustique et électrique. J’ai pris l’habitude de jouer les morceaux dans différents endroits à Londres, juste à la voix et à la guitare, de façon très intense. Ensuite j’ai décidé d’enregistrer cela en studio. C’est très country, une sorte de country dark. En fait ce disque a un son très américain. Et je me suis aperçu que ça correspondait aux artistes que j’écoutais tout le temps … Chris Isaak, PJ Harvey et des chansons comme ''Girl''.

En même temps je voulais faire un album qui parle d’homophobie, j’en ai vraiment fait un challenge. Et dessus il y a une chanson intitulée ''New World'', que j’ai écrite pour un ami qui avait beaucoup de difficultés à faire son coming-out … Ca fait : ''Show me the reasons to fight / The New World tonight / and I will be here by your side / So True / Cos’ I can’t see truth from my eyes / Blind with new rules from when I was a child/ Because all around of them once decide/ The ways in which we live our lives/ We’ll breathe our dreams on the screen that he see will be seen / Show me the truth that you hive / The world needs to know that will be no sacrifice…''

Quand j’ai entendu parler de la vague de suicides d'adolescents en Amérique j’ai été très choqué et j’ai réalisé qu’il était vraiment important d’en parler.

Il y a ma voix en avant mais aussi des chœurs qui représentent les fantômes du passé. J’ai voulu que ce soit une chanson qui apporte beaucoup de puissance, quelque chose qui vous rend fort, faire passer le message que la musique représente la paix, et repousser très loin l’intolérance … ''Arrow'', une autre chanson de l'album ''Nude'', parle d’un garçon qui grandit et découvre la sexualité, en utilisant l’icône de St Sébastien … C’est un texte sur la confrontation à l'identité sexuelle … Il y a aussi une autre chanson qui s’appelle ''Prince''. Elle s'adresse à mon partenaire depuis quelques années. A chaque fois que nous sommes ensemble et uniquement lorsque nous sommes ensemble je ressens un pouvoir particulier … J’ai voulu écrire sur l’amour, sur le fait d’aimer un homme ,.. sur la joie absolue que ça procure, rien de sombre, juste la joie d’être amoureux.





Tof : Cet album semble être plus positif que le premier …


Jamie McDermott (The Irrepressibles) : ’Mirror Mirror’’ ,n'était pas si sombre ... la chanson ‘’Forget The past’’ a souvent été mal interprétée … Le passage ''Find me, find me / My love, my love’’, a été compris comme une sorte de supplication alors qu’en fait l’amour était justement en train de me trouver .. Je l'ai écrite sur le début d’une relation au moment ou j’ai rencontré mon ami Jake (dont il parle aussi dans ''In This Shirt''; Ndlr). C’est un artiste-performer qui m’a véritablement fait découvrir tout un univers, et avec qui j’ai pu imaginer les visuels de The Irrepressibles, en terme de photographie, de style et de vidéo. Ca a été incroyable d’être dirigé par lui alors que nous étions ensemble. Il est ma muse et ça a été un engagement supplémentaire et incroyable qui est venu consolider notre relation.

Nos spectacles sont toujours plus fous les uns que les autres et sont définitivement une invitation au rêve. On a la chance de pouvoir faire ce que l’on veut en jouissant d’une grande liberté. Ca représente beaucoup de travail acharné mais j’adore ça …


Tof : Si tu devais imaginer le duo parfait avec The Irrepressibles, ce serait avec Florence Welch de Florence and The Machine, Patrick Wolf, Owen Pallett, Grizzly Bear ou Rufus WainWright ?


Jamie McDermott (The Irrepressibles) : J’adoore Florence Welch elle est vraiment très talentueuse … Patrick Wolf ce serait fantastique aussi … En fait j’adorerais définitivement faire quelque chose avec Grizzly Bear ou Rufus WainWrightRufus est vraiment extraordinaire et il est un des grands artistes qui ont commencé à parler d'homosexualité dans leurs chansons. C’est vraiment une grande inspiration pour moi même si j’ai commencé à faire de la musique avant de le découvrir …


Tof : Te souviens-tu d’un événement ou d’un artiste qui a été un vrai déclic pour toi et t’a donné envie de te lancer dans la musique ?


Jamie McDermott (The Irrepressibles) : D’aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours été passionné de musique et même très jeune, je me vois toujours avec un instrument classique dans les parages. Par contre je me souviens d’avoir été complètement scotché par la chanson ''Golden Brown'' des Stranglers, lorsqu’elle est passée pour la première fois à la radio … Et quand j’étais plus jeune ma mère m’a dit que j’avais posé des questions sur David Bowie


Tof : Peux-tu maintenant me parler de ''Nude'' - le spectacle qui nous renseignera forcément sur l'album ?


Jamie McDermott (The Irrepressibles) : Il est définitivement inspiré par le travail de David Lynch … Pour moi il incarne l'exploration visuelle d’une iconographie américaine. Les éléments que j’ai choisis évoquent des paysages. A certains moments on peut penser à l’intensité de Twin Peaks … J’ai voulu faire en sorte qu’on ait l’impression que la musique exprime elle-même le paysage, le ciel lourd, la profonde tristesse. La musique est une sirte d'expression de ce qui se retrouve dans le paysage … La profondeur d’une vallée, la rudesse d’une montée … Pour ce travail j’ai été aussi inspiré par ''Wicked Game'' de Chris Isaak, l’œuvre de Benjamin Britten, et les 60s, avec des productions de Phil Spector comme The Flamingos et leur style ''Do Wap''. J’ai voulu aussi exprimer le mouvement entre plusieurs époques … L’album parle du fait d’apprivoiser des phénomènes naturels. Comme une capsule temporelle …

En fait ''Nude'' parle beaucoup de mon passé, du temps qui passe, mais j’ai voulu placer cela dans un paysage car une simple pièce n’est pas assez grande. Cela montre l’intensité d’un moment présent qui regarde vers le passé. On y voit notamment deux garçons qui luttent pour finalement s’embrasser…

L'album précédent ''Mirror Mirror'' tournait plus autour du thème du ''masque'', une façon d’exprimer son moi profond grâce à l’imaginaire. Avec ''Nude'' je parle d’un monde viscéral. Le sourire, le baiser, l’atmosphère, le temps qui passe, les expériences que nous vivons, ça parle de tout ça … C’est une harmonie d’éléments qui semblent tous partir de ma voix, une connexion entre des personnes, une intensité et un moment.

Tu sais le moment d’un spectacle est très privilégié et très important. Les gens donnent 25 ou 50 euros pour venir nous voir, ils donnent plus d’une heure de leur vie aussi … Donc pour moi ce rendez-vous doit être une vraie communion, comme dans une église ... !


Tof : Merci énormément pour cet entretien très instructif ... On est vraiment impatients d'entendre la version studio du nouvel album ''Nude'' de The Irrepressibles ... Ceux qui auront eu la chance de l'entendre lors du concert auront probablement été frappé par un côté un peu plus abrupt des compositions, et un côté très énergique insufflé notamment par les impressionnantes batteries.


Effets soniques surround, aspect dépuillé et expérimental, le rendez-vous n'a pas manqué de nous surprendre, avec notamment un long morceaux situé presqu'à la fin du spectacle, très tribale et hypnotique ... Nous vous tiendrons bien entendu au courant des futures actualités de ce groupe qui s'exprime pour les droits des LGBT et contre l'homophobie !


EN SAVOIR PLUS : http://www.theirrepressibles.com

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