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La Bartoli m'insupporte


Cecilia Bartoli vient de sortir son nouvel album ; le cru 2009, intitulé «Sacrificium» , est un recueil de musiques italiennes en hommage aux castrats.

Derrière une façade enthousiaste, voire pétulante, la Bartoli gère une redoutable cash machine, parfaitement huilée : sortie d'un album tous les deux ans, lancement mis en scène avec faste et fracas par Decca, promo publicitaire digne d'une rock star avec force plateaux TV, interviews et concerts promotionnels. Roberto Alagna et Natalie Dessay font finalement la même chose, mais eux, ils montent encore sur la scène, ce qui n'est plus vraiment le cas de la Bartoli. Il me semble pourtant que c'est là qu'on attend une chanteuse d'opéra.

Pour faire du cash, il faut faire de la nouveauté tants les scies du répertoire ont pu être usées par d'innombrables versions. Et, dans la musique classique, on ne fait guère du neuf qu'avec du vieux. Ses disques se présentent donc comme des programmes thématiques autour d'un compositeur dont les oeuvres lyriques ont été plus ou moins oubliées (Vivaldi, Gluck, Salieri), d'une grande interprète d'autrefois (Maria Malibran -qui elle, était sur la scène) ou encore autour d'un thème (Opera Proibita passait en revue les musiques chantées par les femmes à l'époque où l'Italie les interdisait d'opéra). Tout cela est très habilement marketé, avec des brochures bien illustrées à défaut d'être vraiment passionnantes.

Le thème des castrats n'est pas très nouveau. Depuis le succès du Farinelli de Corbiau, les sorties discographiques se sont enchainées, jusqu'au bel album de Jaroussky consacré à Carestini. Alors, pour vendre son produit, la Diva des bacs à disques déclare à qui veut l'entendre que la voix de femme est aujourd'hui la plus proche de celle des castrats. Il est vrai que les disques des contre-ténors se vendent fort bien. Trop bien peut-être ?

Tout cela me déplait mais ce n'est pas le plus grave. Ce qui m'insupporte le plus chez la Bartoli, c'est son chant, qui se complait dans la pyrotechnie et le surjeu, dont les vocalises sombrent en roucoulades, ponctuées de cris, de "r" roulés jusqu'au ridicule, de claquements de becs et de soupirs lourds et sonores se voulant inspirés. Si tout cela était encore un peu maîtrisé dans ses premiers disques (notamment le très joli "Italian songbook"), c'est devenu totalement insupportable dans ses albums consacrés à Gluck, Salieri et Bellini. Voilà pourquoi je n'acheterai ni n'écouterai son nouvel album.

JEF pour CitéGAY

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