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Calvin Harris : je n’aime pas beaucoup mes clips !

J’entre dans le café qui fait face au musée du Louvre et cherche du regard une jeune fille qui semblerait attendre des journalistes pour une interview, peut-être avec un dossier à la main ou armée d’un téléphone portable, fixant l’entrée principale. Tout ce que je trouve c’est une pièce un peu enfumée, avec beaucoup de monde en pleine discussion, ou même des personnes en train de faire les cent pas, et des serveurs courants à droite et à gauche. Naturellement attiré par les hommes en « uniforme » qui s’affairent derrière le bar, j’annonce naïvement que je suis attendu pour réaliser une interview, mais le jeune homme qui m’accueille me regarde avec un air absent, genre « bah ch’suis pas au courant moi ». Ok qu’à cela ne tienne, je dégaine mon téléphone ! La fameuse jeune fille, mon contact auprès de la maison de disque Sony, arrive rapidement à ma rencontre et m’entraîne plus au fond du café. J’apprends que ma prochaine cible Calvin Harris, un garçon débonnaire, aux allures de Gaston Lagaffe britannique est encore en cours d’entretien avec un autre média, et qu’il faudra un peu patienter. Comme à son habitude la France est à la traîne,ou en tout cas semble avoir mis du temps à s’intéresser à cet artiste révélé outre-manche il y a déjà un an, qu’on va parfois jusqu’à appeler « le nouveau Mika » ! Finalement au bout d’environ dix minutes, je suis dirigé vers une salle voisine. Une journaliste me laisse la place, au côté d’un Calvin Harris souriant. L’interview, hélas un peu courte, va pouvoir commencer .


Tof : Hello Calvin, c’est un vrai plaisir de te rencontrer. Pour commencer, peux-tu me dire comment tu es venu à la musique, et ce que tu faisais avant …

Calvin Harris : Et bien à vrai dire j’ai commencé la musique à 14 ans, grâce à mon grand frère qui m’a prêté un ordinateur et m’a initié à la programmation musicale. J’ai vite arrêté l’école car je n’aimais pas trop ça, et j’ai fait tout un tas de petits boulots ennuyeux et pas très sérieux, toujours en continuant la musique. Ensuite j’ai ouvert ma page sur myspace, et une maison de disque m’a contacté …

Tof : Est-ce que comme c’est souvent fréquent, tu as commencé en tant que dj ?

Calvin Harris : Non pas du tout. En fait j’ai juste fait quelques remixes pour CSSAll Saints ou Groove Armada, mais la plupart du temps je joue live avec un vrai groupe, ce qui est un peu nouveau pour les puristes de l’électro. En tout cas je n’ai jamais mixé comme le fait un dj…

Tof : Dis-moi, à ce que je vois tu as choisi un titre assez présomptueux pour ton album. Pourquoi « I Created The Disco » ?

Calvin Harris : [Rires] Oh ! « I Created Disco » (J’ai créé le disco ; ndlr) c’est devenu un titre instrumental de l’album, mais au départ c’était une vrai chanson comportant le monologue d’un mec de quarante ans que j’avais imaginé, et qui disait avoir créé le disco. Lorsqu’il a fallu choisir un titre générique à l’album, j’ai voulu quelque chose d’amusant et j’ai tout naturellement opté pour I Created The Disco, ce qui a beaucoup plu à la maison de disques, qui trouvait la phrase très visuelle, d’ailleurs elle ne s’est pas privée pour la reproduire sur de nombreux posters en Angleterre ! Il y a autre chose aussi … j’avais envie de tester un peu le sens de l’humour de ceux qui auraient mon album entre les mains, de voir ceux qui s’amuseraient de son titre et ceux, qui au contraire, prendraient cela avec du dédain ou de l’arrogance. [Sourire]

Tof : C’est d’autant plus absurde que ton style n’a rien à voir avec le Disco…


Calvin Harris :
 Oui c’est vrai on a plutôt tendance à me classer électro ! [Rires] A la base on peut dire que j’ai des goûts assez éclectiques en musique : mon frère m’a fait découvrir Nirvana, puis je me suis mis ensuite à écouter Jamiroquaï, et beaucoup les Spin DoctorsDavid Bowie aussi bien sûr été un artiste marquant pour moi. Mais aujourd’hui, je dois me rendre l’évidence : je suis un gros fan de hip-hop, et particulièrement deTimbaland, et des Neptunes. Finalement je m’aperçois que j’aime à peu près tout pourvu qu’il y ait une bonne ligne de basse, comme sur Acceptable in the 80’s par exemple ! D’ailleurs j’aime assez mélanger un son qui fait penser aux années 80, qui vient du fait que j’utilise du matériel et des synthés anciens, à une production plutôt hip-hop.

Tof : C’est un peu la guerre entre Roisin Murphy (l’ex chanteuse de Moloko; ndlr) et toi, non ? Que s’est-il passé au juste avec elle ?

Calvin Harris : Hem ! Et bien j’ai été amené en tant que producteur et musicien, à travailler avec elle et Cathy Dennis sur son dernier album, avant que celui-ci ne sorte, et nous avons écrit deux titres intitulés Off & On et Don’t Let It Go to Your Head Boy. Ca a été une très grande déception, car ces deux titres étaient vraiment très bons mais Roisin a finalement décidé de ne pas les garder. Je me suis dit que Roisin était vraiment folle de ne pas les garder car c’était vraiment très bon et puis Cathy Dennis est quand même une songwritter légendaire. De son côté elle a déclaré dans la presse que je n’étais pas très mature. Enfin bref, j’ai été très triste de la façon dont les choses se sont faites, et à l’heure actuelle je ne connais pas encore les vraies raisons pour lesquelles mes chansons n’ont pas été gardées, mais si je pense qu’apparemment ils n’allaient plus avec la direction musicale globale de l’album. Toujours est-il que cela m’a coûté de l’argent, et je n’ai même plus le droit légalement d’en faire quelque chose. Du pur gaspillage ! Après cette expérience j’ai un peu du mal avec le monde de la pop-music !

Tof : Ok, ça c’est fait ! Mais ensuite tu as collaboré avec Kylie sur son album X, qui cartonne. Comment s’est passée votre rencontre ?

Calvin Harris : Une personne de son label a contacté un de mes amis pour me demander si je voulais travailler avec elle et évidemment j’ai dit oui. Pendant longtemps tout s’est passé par des intermédiaires, mais on a quand même fini par se rencontrer, juste pour les sessions d’enregistrement. ca a été une expérience vraiment été très sympa et j’ai adoré constater que Kylie était aussi adorable qu’on se l’imagine. Je suis arrivé avec mes instrumentaux et on a ainsi créé 6 titres. Kylie a conservé In my Arms et Heart Beat Rock pour l’album. Ca a été incroyable !

Tof : Et sais-tu pourquoi elle voulait travailler avec toi en particulier ?

Calvin Harris : Pas vraiment, je sais juste qu’elle voulait que son album sonne moderne, avec des touches d’électronique. Je pense qu’elle a tout simplement fait le bon choix non ? [Sourire]

Tof : Ok, comment se fait-il que ton disque ne sorte que maintenant en France, alors que ça fait au moins six mois que tes clips passent sur MtV et VH1 ?

Calvin Harris : Ca il faudrait le demander à Sony ! Moi je ne demandais qu’à sortir mon disque en dehors de l’Angleterre, mais ça a vraiment pris beaucoup de temps, si bien que je suis encore en train d’en faire la promo, alors que j’ai déjà commencé mon second ! C’est assez surréaliste quand on y pense.


Tof : Cet album a été un véritable carton en Angleterre. Comment gères-tu ta toute nouvelle célébrité ?

Calvin Harris : Ho et bien en France, je peux encore circuler tranquillement, mais il est devenu impossible de sortir simplement boire un verre dans une petite ville d’Ecosse, comme je le faisais avant.

Tof : Enfin bon quand tu as créé ta page myspace, tu devais quand même avoir une petite envie de célébrité non ?

Calvin Harris : Mais as du tout je n’ai rien prémédité ! J’ai créé ma page comme beaucoup d’autres, simplement pour partager et avoir des avis ce que je faisais. Et puis il se trouve que ça m’a amené à signer avec Sony. Tu vois j’aime bien me dire que même sans myspace, j’aurais pu également me faire connaître, par la télévision par exemple.

Tof : Cet album comporte le titre Industry. Qu’est-ce que c’est que cette « industrie » pour toi ?

Calvin Harris : Comme tu t’en doutes, ce n’est pas vraiment une métaphore pour parler du monde ou de la vie, mais bien entendu il est question de l’industrie musicale. C’était un peu pour dire que je ne t’étais plus loin du tout de cette industrie. [Rires] Aujourd’hui bien sûr je suis dedans, mais je me sens toujours un peu comme un outsider, ou peut-être un imposteur, comme si j’avais payé un gangster pour qu’il me pousse là-dedans.

Tof : Dis-moi j’ai l’impression qu’à travers ton imagerie et ta musique, tu revendiques une certaine forme de kitsch . Est-ce que tu es d’accord avec ça ?

Calvin Harris : Huum, je ne te suis pas trop là, que veux-tu dire ?

Tof : Tes vidéos sont assez colorées, un peu comme celles des années 80, et puis le visuel de l’album fait penser aux lithographies d’Andy Warhol, ou aux visuels de la période Acid House, dans les années 90...

Calvin Harris : Ha oui je préfère ça ! [Sourire] Parce que pour moi, quand on parle de kitsch, on parle souvent de quelque chose de mauvais ou de carrément merdique ! [Rires] C’est sympa que tu penses à Warhol pour la pochette du disque. Par contre, tu sais je ne suis pas vraiment impliqué au niveau des vidéos. Sur ce point je préfère laisser les commandes à d’autres personnes et d’ailleurs je n’aime pas la plupart d’entre elles. J’imagine que je devrais les faire moi-même mais je suis assez paresseux [rires]. En plus elles coûtent souvent beaucoup trop d’argent et n’atteignent pas forcément leurs objectifs.

Tof : En voyant ton clip de The Girls, j’ai été frappé par la similitude des costumes des danseuses, avec ceux des musiciens de Philippe Katerine en France. Est-ce que c’est un clin d’oeil voulu ?

Calvin Harris : [Je lui montre une photo de Katerine, avec ses danseuses en sous-pull rose et perruques] Ah oui c’est vrai qu’on m’a parlé de ça. Mais en fait je n’étais pas au courant, et d’ailleurs je ne connais pas cet artiste ! Mais enfin ce qui est important c’est que la chanson soit bonne, non ?

Mais bien sûr Calvin, et c’est même une vraie bombe pour les dance-floors, tout comme la quasi-totalité de l’album, à écouter à tout moment de la journée mais en particulier au lever, dans la voiture en allant au travail ou dans les moments de blues. Effet immédiat assuré : Un sourire jusque aux oreilles et l’envie de bouger des montagnes ! On a aussi énormément hâte de venir t’applaudir au Trabendo le 7 Avril prochain, pour découvrir tes talents d’entertainer, entouré de ton groupe plein d’énergie ! See You Soon Calvin !


Calvin Harris - Acceptable in the 80s



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